*Gaston fredonne. La femme entre.*
Femme : Bonjour, Gaston ! *applaudissements du public*
Gaston : Madame...
Femme : Mon mari n'est pas là ?
Gaston : Il vient de sortir : il est avec une dame dans votre chambre.
Femme : Eh bien, il est avec une dame ou il vient de sortir de la maison ?
Gaston : Non : il est à la maison et il vient de sortir d'une dame. *rires du public*
Femme : Oh, je vais lui montrer, moi ! *elle entre dans la chambre* Alors !
Mari : Oh, chérie ! Laisse-moi t'expliquer ! Attends, chérie, attends !
Femme : Dis à cette femme qu'elle s'en aille !
Mari : Oui, je lui ai dit de sortir par la fenêtre du jardin. *on l'entend se casser la figure*
Femme : Tu ne lui as pas dit que c'était un décor ? *rires du public*
Mari : Chéri, je t'assure : elle et moi, c'est rien de sérieux !
Femme : Et celle d'hier ?
Mari : Même chose, je t'assure : c'est rien de sérieux !
Femme : Et ta secrétaire ?
Mari : Oh ça, je te jure, c'est rien de sérieux !
Femme : Je commence à trouver que tu manques un peu de sérieux ! *rires du public*
Mari : Eh bien, Gaston ?
Gaston : Oh, excusez-moi, je vous quitte. *il sort*
Mari : Essaie de me comprendre, chéri : j'ai perdu 40% de mes actions !
Femme : Pfff !
Mari : Ben, si tu ne me crois pas, t'as qu'à allumer la radio !
Femme : Eh bien, c'est ce que je vais faire ! *elle allume la radio*
Radio : 40% des actions de la société Débarloti ont été transigés. Voilà, c'est tout pour nos informations.
Mari : Bon, tu vois ?
Femme : Et qu'est-ce que ça change ?
Mari : Chérie...
Radio : Voilà qui complète notre bulletin.
Mari : Je suis un peu angoissé...
Femme : Tu parles !
Radio : C'est ce qui termine notre journal !
Femme : Et c'est ça qui fait que tu me trompes ?
Mari : Ben, je...
Radio : VOILÀ QUI MET FIN À NOTRE ÉMISSION !
Mari : Tu veux bien l'éteindre, cette radio, avant que le type dans les coulisses nous fasse un infarctus ? *rires du public*
Femme : Mais il y a tout de même un mystère !
Mari : Lequel ?
Femme : Comment se fait-il que tu racontes des versions différentes de notre vie commune à chacun de nos voisins ?
Mari : Mais qui t'as raconté des choses pareilles ?
Femme : C'est ce que je dis : personne ne me raconte des choses pareilles ! *rires du public*
Mari : Ben, la vérité, c'est que je trouve qu'on est tellement habitués à se voir dans cette maison qu'on dirait que, toi et moi, on est plus que des décors !
Femme : Toi peut-être, mais je ne suis pas décor [d'accord] avec toi ! *rires du public* En fait, qu'est-ce que tu me reproches, sexuellement ?
Mari : Enfin, tu ne te laisses même pas toucher !
Femme : Tu sais bien que ma chair est irritée, et que le docteur m'a ordonné de commencer à prendre soin de moi-même !
Mari : Ouais : chair irritée [charité] bien ordonnée commence par soi-même ! *rires du public* Et moi, qu'est-ce que j'ai qui te plait pas ?
Femme : Eh bien, tu es un peu mou du sexe.
Mari : Et ton crétin d'amant, il est pas mou, lui ?
Femme : Oui, mais moins que toi !
Mari : Bah !
Femme : De deux mous [maux], il faut savoir choisir le moindre ! *rires du public*
Mari : Ce qui m'impressionne, c'est que tous tes amis sont des cons !
Femme : Les bons cons [comptes] font les bons amis ! *rires du public* Crois-tu que nous allons passer le reste de nos jours ensemble ?
Mari : Peut-être, mais pas le reste de nos nuits. *rires du public*

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