J’aimerais que les points sur les i
Ne soient plus jamais dans la gueule
J’aimerais qu’on respecte la vie
Pas simplement dans un linceul
J’aimerais que la mesquinerie
Prenne pour un temps de la hauteur
J’aimerais que même les vieilles filles
Aient une nuit droit au bonheur
J’aimerais que le Père Noël
N’ait pas chopé de Parkinson
Et qu’il descende enfin du ciel
Pour voir un peu si c’est un homme
Au conditionnel improbable
J’aimerais tant et tant de choses
Magnifiques et invraisemblables
Comme une terre jonchée de roses
A l’imparfait de tous les temps
Au futur de tous mes espoirs
J’aimerais parfois juste un instant
Un autre livre, une autre histoire
J’aimerais bien que l’infini
Ne soit pas qu’un vieux théorème
Que le cancer soit interdit
Au moins à tous les gens qu’on aime
J’aimerais que les barres sur les T
Soient en chocolat pour les gosses
Et qu’avoir dix ans à Bombay
Ne veuille plus dire « tais toi et bosse »
J’aimerais que la barbarie
Ne soit plus dans le dictionnaire
Qu’n nom de fleur, un nom de fruit
Une douceur pour le dessert
Au conditionnel improbable
J’aimerais tant et tant de choses
Magnifiques et invraisemblables
Comme mettre la bêtise sur pause
A la lumière de nos passés
Pour donner un sens à la fête
J’aimerais un matin colorié
En vers de tous les grands poètes
J’aimerais pour les rides au cœur
Des ambitieux inconsolables
Un lifting, un brin de fraîcheur
Pour faire des aigris présentables
J’aimerais que les religieux
Ne prêchent plus l’intolérance
Mais autant demander à dieu
D’inviter le diable en vacances
J’aimerais que le quotidien
Cette moisissure de nos toujours
Nous ait épargné en chemin
Que l’on s’aime comme au premier jour
Au conditionnel improbable
J’aimerais tant et tant de choses
Magnifiques et invraisemblables
Comme une terre jonchée de roses
Au futur du plus qu’incertain
A tous les temps de l’illusoire
J’aimerais un matin magicien
Juste pour le bonheur d’y croire