J'ai parlé d'évolution et de temps qui passe
Avec un vieil ami, qui est parti bien tard
Avec nos vies pour preuves et nos échecs pour traces
On va toujours très loin dans ces discussions rares
Et me voilà blessé, une plaie agréable
Comme une déchirure qu'on a laissé s'ouvrir
Comme vidé de mots plus vrais qu'inoubliables
Et me voilà blessé, sans toi, de m'endormir
J'ai parlé de misère et de temps qui m'oppresse
A un mendiant pour qui c'était la première fois
Avec mon pas pressé pour seule forteresse
Il n'a pas jugé bon de s'accrocher à moi
Et me voilà perdu, une errance agréable
Comme une fuite loin ce ce qu'il pourra dire
A ses voisins outrés, plus fous que pauvres diables
Et me voilà perdu, sans toi, dans ce délire
J'ai parlé de vacances et du temps qu'ils faisait
Aux touristes échoués aux terrasses des bars
Avec mon accent net pour unique intérêt
Ils n'ont pas jugé bon de prendre du retard
Et me voilà vidé, un silence agréable
Comme une éternité qui commence à minuit
L'heure où vont se coucher les bavards charitables
Et me voilà vidé, sans toi, de mes sourires
Et j'ai parlé de toi le temps de ton absence
A ceux qui voulaient bien écouter un moment
Avec mes souvenirs pour unique romance
Je n'ai pas jugé bon de sourire autrement
De sourire autrement
Et me voilà blessé, perdu, vidé encore
Comme un clou enfoncé le jour de ton départ
Dans un mur qu'il voudrait rendre multicolore
Pour que la vie sans toi n'en devienne pas noire