Un vieux cheval sur le retour
Qui avait blanchi sous le harnais
M'a dit
Petit, que de beaux jours
Tu traverseras dans la vie
Si tu as un véritable ami.
Vois-tu, j'ai eu de vrais amis,
Une femme et des enfants chéris
Mais aujourd'hui, ils sont partis.
Ainsi en a voulu le sort
Et ma vieillesse vient d'éclore.

Mon amie, c'est la solitude.
Avec elle, je me sens moins seul.
Au grand jamais on ne s'engueule.
C'est le silence et c'est lui seul
Qui est notre divine habitude.

Il faut laisser danser le vent
Entre toi et l'ami fidèle.
Si tu veux le garder longtemps,
Sache taire ton mal aux dents.
Ne t'appuie pas trop sur son aile
Et s'il s'attache comme lierre,
N'offense pas l'ami sincère
Qui t'as rendu le cœur content.
A le trouver on met dix ans
Et quelques secondes à le perdre.

Mon amie, c'est la solitude.
Avec elle, je me sens moins seul.
Au grand jamais on ne s'engueule.
C'est le silence et c'est lui seul
Qui est notre divine habitude.

Et tu dois trouver le plus beau,
Le regard de l'ami qui louche,
Le gentil crapaud effarouche
Et vouloir ami sans défaut,
C'est vouloir prune, sans noyaux.
Les tonneaux vides et les gens sots
Sont ceux qui font le plus de bruit.
Celui qui ne les a pas fui
Au bénéfice d'un ami
A jeté sa vie aux pourceaux.

Mon amie, c'est la solitude.
Avec elle, je me sens moins seul.
Au grand jamais on ne s'engueule.
C'est le silence et c'est lui seul
Qui est notre divine habitude.

C'est aujourd'hui ma solitude
Que je vais flanquer aux orties
Car, toi qui m'écoutes, petit,
Et qui est devenu mon ami,
Tu en as toute ma gratitude.
Lorsqu'apparaît le cheveu gris,
L'espoir s'envole à tire d'aile.
J'attendais plus cette étincelle
Au crépuscule de ma vie
Qui porte le doux nom d'ami.