Il n’avait qu’un tout petit navire
Et trois matelots pour le servir
C’était un gentil petit bateau sans façon
Les caleçons séchaient entre les bouches de canons

L’Amiral Bizibi
Pour éviter les ennuis
Les tracas et les soucis
Passait dans son lit les quatre cinquièmes de sa vie
Le soir il était gris
Et tous les matins aussi
Il craignait l’eau d’mer mais il aimait l‘eau d’vie
L’Amiral Bizibi

Il montait parfois sur sa dunette
Pour fredonner une chansonnette
Mais dès qu’il fallait tripoter le gouvernail
Il disait « j’ai soif, il est temps que je m’en aille »

L’Amiral Bizibi
Craignait la guerre et le bruit
Pour éviter tout ennui
Il avait fait boucher tous les canons à l’émeri
Un jour la garde crie
Amiral voici l’ennemi
Il a répondu « Dites-leur que j’suis sorti »
L’Amiral Bizibi

La discipline était paternelle
Quand le temps était exceptionnel
Les marins s’mettaient tout nus, tout nus sur le pont
Ils ne gardaient qu’leurs bérets avec leurs pompons

L’Amiral Bizibi
Pour n’pas faire de jalousie
Changeait d’amour chaque nuit
Toutes les dames du port avaient un p’tit garçon de lui
Et lorsqu’il est parti
Il est resté dans l’pays
Quinze cents petits amiraux Bizibi
Qui s’foutaient d’tout comme lui