Adulte avant mon temps, souvent
J'ai peur de c'qui m'attend
J'écoute battre mon cœur en sang
J'l'écoute se battre pendant qu'j'l'entends
J'vais regarder en avant
Sans même savoir si j'vais voir trente ans
Sens-tu l'odeur d'encens qui empeste mon cœur d'enfant?

J'essaie d'rester heureux
Pendant qu'autour de moi les jeunes se plaignent
Regarde au fond d'mes yeux
Mon seul problème, c'est la frayeur qui règne
Ma vie brûle à p'tit feu
J'me dis chanceux d'avoir du monde qui m'aime
Victime de mon système jusqu'à c'qu'la flamme s'éteigne

Adulte avant mon temps
J'vieillis d'un an à chaque semaine
Traitement après traitement
Comme j'suis patient, j'attends l'remède
J'me dis qu'j'peux pas être triste
Ou à tout l'moins le laisser paraître
À chaque dose qu'on m'administre
Une dose d'espoir sort par la fenêtre

J'attends d'avoir des ailes pour retrouver ma liberté
Depuis qu'j'ai appris la nouvelle
Même ma fierté m'a déserté
Si j'm'accroche, aujourd'hui
C'pour mes parents, c'est pour ma sœur
Même si la vie m'a ralenti, j'vieillis à cent milles à l'heure

Si ma vie a une valeur, est sûrement à moitié prix
À moitié prise par la douleur, à moitié prise par la maladie
À moitié prise par la lueur, celle qui nous mène au paradis
À moitié prise par le malheur qui s'acharne même sur les plus petits

Adulte avant mon temps
J'entends les autres enfants s'amuser
Ça me rappelle mes souliers neufs que j'pourrai jamais user
Au moins, y m'reste mes rêves
Un endroit sain où la vie est juste
Où j'suis robuste, plein d'muscles
Grand comme un arbre, pas un arbuste

Mes amis rêvent de Disney, de montagnes russes, de maisons hantées
J'dois avouer qu'depuis qu'j'suis né
Moi, c'que j'veux l'plus, c'est la santé
J'aurais voulu être un artiste, faire de la peinture ou du théâtre
Ou encore le scientifique qui met au point le remède miracle

Voir la vie du bon côté, tout est possible si y a de l'espoir
Au risque de tomber, si jamais on cesse d'y croire
J'sais qu'j'dois rester fort, sans démontrer signe de faiblesse
Allure d'enfant vu d'en dehors, en dedans
C'qui m'ronge, c'est la vieillesse