Elle me dit il me faut des lunettes
Je sais plus qui je viens d'embrasser
J'ai du mal avec toutes ces têtes
À me baisser
Plus envie qu'on m'appelle grand-mère
Ou tatie, ou tata ou maman
À soixante ans et quelques poussières
Les enfants
On voudrait leur balancer des tartes
Mais ils s'envolent comme des oiseaux
Quand c'est pas des bras qui vous écartent
Mais des ciseaux

Elle a pas fait son trou l'étrangère
Elle est tombée de son étagère
Mais qui tente à soixante et des poussières
La marche arrière

Elle me dit j'irai bien quelque part
Mais je sais même pas d'où je viens
Puis un sac ne dis pas quand y part
Ni quand y revient
Je confonds et ma gauche et ma droite
Et je te parle pas du courrier
Et les médicaments dans les boîtes
Qu'il faut trier
Est-ce que je me souviens d'une date ?
Est-ce qu'un jour j'suis arrivée à l'heure ?
Elle dit quand on sait pas lire, on boîte
Et puis on meurt

Elle a pas fait son trou l'étrangère
Elle est tombée de son étagère
Mais qui tente à soixante et des poussières
La marche arrière

À la fin de ses jours elle regrette
Elle se sent seule même entourée
Les regrets ça t'as une de ses têtes
curait dit Ferré
Et là voilà comme un tapis
Sur lequel elle s'est accroupie
Pour demander au ciel en vain
La part du gâteau qui lui revient
Mais qui lui laisse en tout et pour tout
Que des traces sur les genoux
Et les gestes jamais rendus
Comme si tout lui était dû

Elle a pas fait son trou l'étrangère
Elle est tombée de son étagère
Mais qui tente à soixante et des poussières
La marche arrière

La marche arrière