Bien le bonjour petit père
je viens pour prendre l’air
ça fait plus d’une semaine
qu’on s’est vus, je t’emmène
au soleil. Ta casquette
ta bouteille, tes lunettes
on est prêts ? on s’en va
et après on verra
petit père, petit vieux
mon repère, c’est tes yeux
c’est curieux d’un seul coup
ils sont devenus flous
je pense un peu au passé
quand tu me ramassais
d’une secousse comme une feuille
moi qui pousse ton fauteuil
le malaise dans ta tête
et ta chaise à roulettes
manque de pot ? mauvais coup ?
et à propos de roue
est-ce que ça va tourner ?
ça prendra des années
j’en sais rien on te guette
comme des chiens près de leur maître
je sais bien qu’y a les guerres
de demain et d’hier
qu’y a plus con qu’y faut se faire
une raison mon petit père
mais je m’en fous je suis triste
je suis pas fou égoïste
c’est humain faut qu’ ça touche
à mes mains à ma bouche
pour que je sente en dedans
des vrais sentiments
t’en as marre de ta piaule ?
On se barre à la Baule ?
une plage un peu chaude
à ton âge un peu d’iode
ah mais j’oublie que la mer
tu t’en fous la seule mère
que tu suives c’est la mienne
elle arrive ma maman qui tient debout
ma maman qui tient le coup
à la cool c’est ta meuf
c’est la poule qu’a fait l’oeuf
quand je vous vois câliner
moi je crois me tromper
c’est comme si un instant
t’étais petit et moi grand
faut que j’y aille j’ai des choses
du travail, on en recause
je sais pas si je serai là
pour tes premiers pas
je serai là si tu restes
si tu pars prends ta veste
cher papa, à ton âge
t’enrhume pas et bon voyage.