J’ai vécu comme un chêne, traversant les saisons
Avec un brin d’orgueil, en levant le menton
De l’éminence des hommes comme belvédère
J’ai regardé de haut en prenant de grands airs

J’ai vécu comme un chêne, traversant les saisons
Mais l’hiver cette fois, plus long que de raison
Me laisse une gerçure et un sourire figé
Un sourire de façade, un sourire lézardé

Combien de facéties encore, avant de courber l’échine
Combien de facéties… Égoïne

J’ai vécu comme un chêne, traversant les saisons
Sans l’ombre d’un doute, une intime conviction
Et une épaisse écorce, comme côte de maille
Une peau aguerrie que je croyais rocaille

J’ai vécu comme un chêne, traversant les saisons
D’un épisode à l’autre, en roman-feuilleton
Aux scenarii foutraques, baroques et tordus
La vie est une série de moments imprévus

Combien de facéties encore, avant de courber l’échine
Combien de facéties… Égoïne

J’ai vécu comme un chêne, traversant les saisons
Mais la froidure cinglante, tel un marteau-pilon
Tambourine à l’orée de la forêt meurtrie
Avec des peut-être, avec des si

J’ai vécu comme un chêne, traversant les saisons
Mais le vent cette fois, plus vif que de raison
Aura raison de moi
Aura raison de moi

Combien de facéties encore, avant de courber l’échine
Combien de facéties… Égoïne