Il était là seul dans la cour
à r’garder les autres qui courent,
à essayer d’se faire discret,
de ne pas se faire remarquer,

il était là seul dans la cour
à attendre que finissent les cours,
à attendre d’être un peu chez lui,
à avoir un peu de répit,

on l’voyait là seul contre le mur
à essuyer des tas d’injures
que les autres lui jetaient pour rire,
moi, je restais là sans rien dire,

on l’voyait là seul contre le mur,
le regard de plus en plus dur,
moi, j’étais lâche, moi, j’osais pas
de peur que ça m’arrive à moi,

il était là seul dans la cour
à laisser défiler les jours,
à toujours trainer son air triste,
à s’demander pourquoi j’existe,

il était seul dans la cour
à même pas demander d’amour
et même pas qu’on lui rende ses billes
mais juste qu’on le laisse un peu tranquille,

il était pas de ceux qui se battent,
pas d’ceux qui se donnent des patates,
il était pas dans les balaises
mais plutôt de ceux qui se taisent,

il était pas d’ceux qui balancent,
trop enfermé dans son silence,
il était de ceux qui les cachent,
tous les coups, les traces et les tâches,

il était là seul dans le cour
et moi-même, j’m’y suis mis un jour,
fallait bien faire partie d’la bande,
fallait pas que ma joue j’leur tende,

il était là seul dans la cour
à toujours avoir peur d’autour,
du plus petit bruit, du plus petit cri,
j’crois bien qu’il dormait plus la nuit,

il était là seul dans le noir,
toujours le dernier dans l’couloir,
personne n’a vu, personne n’a su,
personne ne voulait avoir vu,

il était là seul dans le noir
enfermé dans son désespoir,
à même pas demander d’amour,

non, même pas de mander d’amour,

Il était là seul dans la cour,

il était là seul dans la cour
à même pas demander d’amour,
à même pas demander d’amour.