Un jour, la gentill’ Rose,
Ayant mal au mollet,
Demanda quelque chose
Au méd’cin d’Bagnolet.
L’docteur lui dit :
Ma Chère,
Je vois ce qu’il vous faut,
Je m’en vais vous fair’ faire
Un petit rigolot.

Un' demi-heure ensuite
Vient l'garçon pharmacien
Qui dit à la petite
"Ça va vous fair' du bien
"Faites-moi voir la place
"Oû qu'y a du bobo
"Afin qu' douc’ment j'y place
"Un petit rigollot".

Rose fait voir sa jambe,
Son mollet fait au tour,
Du garçon l'regard flambe
Et, d'un air plein d'amour,
Ouvrant un larg' prunelle,
En voyant ce tableau,
II lui dit: "Mad’moiselle,
"Ah ! qu'c'est donc rigolo !"

"Donnez votre remède,
Dit Rose sur le champ,
Et le garçon procède
A la chose adroit'ment ;
Mais Rose alors s'écrie,
Roug' comme un coqu'licot :
"Non, retirez, j'vous prie,
"Le petit rigollot !"

Retenant son haleine :
"Ah ! fait l'garçon tremblant,
"Mamzell’’, pour que ça prenne,
"Faut l’garder un instant"
"En ce cas, dit la p'tite,
"Laissez-le l'temps qu'il faut
"Pour qu'il m'guériss' tout d'suite,
"Le petit rigollot ! "

Le remèd', comme on pense,
Hâta la guérison
Et, par reconnaissance,
Elle épousa l'garçon.
Et quand, maintenant, Rose
A le moindre bobo,
Au mollet on lui pose
Un petit rigollot !

Mesdam’s, cett' chansonnette
Prouv' que lorsqu'un tendron
A la jambe bien faite
Et le mollet bien rond
Vaut mieux, en c'cas extrême
L'aid' d'un garçon pas sot,
Plutôt que d'mettr' soi même
Un petit rigollot !


Fins non visées des 4ème, 5ème et 6ème couplets

Mais Rose alors s'écrie :
Ah ! mon Dieu, comm' c'est chaud,
"Non, retirez, j'vous prie,
Votr' petit rigollot ! "

Ne soyez pas si leste.
En c'cas, dit-ell' moins haut,
Puisqu'y est, qu'il y reste,
Votr' petit rigollot.

Et quand, maintenant, Rose
Se plaint d'un mal nouveau,
Vit' son mari lui pose
Un petit rigollot.