J’habite une étrange maison
Dont les enfants sont les fenêtres
Jouant des vents et des saisons
Que nul n’y puisse reconnaître
Les murs d’une ancienne prison
Où vont parmi nos amours nues
Les plus belles fleurs inconnues
J’habite une étrange raison


J’habite un étrange quartier
Dont les enfants sont les fontaines
Les jardins l’air et le mortier
Nul ne sait plus l’aire lointaine
Où ce quartier fut sans quartier
Et tous les gens se reconnaissent
Une même et folle jeunesse
J’habite une étrange amitié

J’habite un étrange pays
Qui fut jadis un cimetière
Où les enfants font leurs jeudis
À changer le cours des frontières
Tous les plus beaux jeux interdits
C’est le pouvoir de la caresse
Et le règne de la tendresse
J’habite un étrange midi

Si étrange que je ne sais
Quel est le nom de ma planète
Ni si les yeux curieux que j’ai
Me sont miroir ou bien lunette
Mais les enfants sont à danser
Sur une simple chansonnette
Dont les paroles sont très nettes :
Le monde est à recommencer