Mes pieds bouffent la terre avant qu’elle ne les bouffe
Mes pieds ne gouttent pas les ruses des humains
Ils n’ont besoin que d’un tout petit peu de souffle
Ils disent qu’on respire mieux sur mon chemin
Mes pieds sont des enfants de la rue, la manière
Mes pieds, deux bordilles sorties d’un caniveau
Ils guinchent à deux les épluchures de lumière
Ils ont connu plein de poètes chez Bronzo

Où voulez-vous aller ?
Faites ce qu’il vous plait !
Il suffit d’ouvrir la porte
Le soleil nous escorte
Où voulez-vous aller ?

Mes pieds sont blancs mais ils sont usés par la route
Mes pieds sont cornés, cuits, crades et très crevassés
Ils vont sans but, sans opinion, coûte que coûte
Et ils se foutent-ball du pognon, je le sais
Mes pieds sans origine, sans fin, sans programme
Mes pieds n’ont jamais, non jamais besoin de rien
Vé les ça roule, ça danse et ça se régale
Ils partent ensemble en vacances et ça c’est bien

Où voulez-vous aller ?
Faites ce qu’il vous plait !
Il suffit d’ouvrir la porte
Le soleil nous escorte
Où voulez-vous aller ?

Et quand tôt ou tard viendra l’heure de la quille
Que l’on dira salut à tous nous on se taille
On rangera soigneusement nos espadrilles
Tout en gardant nos vingts orteils en éventail
On tournera les talons sur la Canebière
Vers le Vieux-Port à l’appel d’autres horizons
Arrivés la tête en avant avec nos mères
On repartira seuls et ils applaudiront

Où voulez-vous aller ?
Faites ce qu’il vous plait !
Il suffit d’ouvrir la porte
Le soleil nous escorte
Où voulez-vous aller ?