Au fond de la forêt, entre ronces et orties,
Crâne défait et torse évidé avaient surgi,
Une dague entre les côtes pour seule épitaphe,
Là avait-il affronté de son destin l’ultime gaffe.

Gisait dans ce végétal havre Torsten le forgeron,
Gibier aux os blanchâtres, triste venaison,
Haï ou ami, Torsten le ferronnier sortait ainsi des ombres,
Quelques racines et feuilles pour humble tombe.

Et elle pleurait son ami disparu, la solitude au ventre,
Et elle se lamentait à sa fenêtre inondant son antre.

Au bord du puits de Mimir, Skulde avait rompu son canevas,
Et celui qui ferrait les chevaux, forgeait les cadenas,
Lui qui cerclait les tonneaux et fabriquait les clés,
Celui qui arrondissait les umbos des boucliers,

Ô Lui qui assemblait les maillons en chaîne,
Et réaffutait les haches avec haleine,
De Torsten le forgeron l’enclume s’était tue.
Torsten le plieur de métal n’était plus.

Et elle pleurait son ami disparu, la solitude au ventre,
Et elle se lamentait à sa fenêtre inondant son antre.